Hier, après avoir fini mon sample de Balblair 1990 2nd ed ~2014 (très très bon mais un peu éventé depuis le temps, avec toujours ce très beau duo chocolat chaud - amaretto, plus un peu de fruits rouges), je m'attaque à un autre niveau de sherry :
Kavalan Solist 2008-2017 Sherrry cask S081205021, 59.4%
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... lan-solist
Le moins qu'on puisse dire c'est que, évidemment, c'est extrême. Le
nez commence sur un registre d'un sherry ... extrême en effet, sur un coté légèrement souffré, très métallique (vieilles pièces de monnaie frottées), presque brûlé (thym brûlé), avec un coté "pierre noire" à mi-chemin entre le silex et carrément le charbon. Le genre de cas où le sherry est si extrême qu'il en devient limite fumé si vous voyez ce que je veux dire. Râble de lièvre ou autre gibier très foncé et concentré. Y a un coté limite crado, quand on mixe le coté animal en question avec le coté métallique très présent on a limite des images de sang et de chair. Difficile à décrire mieux que ça :D Bref il va lui falloir une aération prolongée. Après celle-ci, c'est déjà plus fréquentable, avec du chocolat noir 99% à la fleur de sel. Ce coté salin presque fumé le rend assez unique et à noter aussi qu'il n'y a pas le mauvais coté acétone de nombreux jeunes solist sherry passés. En
bouche l'intégration de l'alcool est étonnament bonne : ça monte "très haut mais très lentement", crescendo tout à fait maitrisé qui laisse le temps de s'accoutumer. Niveau aromatique c'est pas méga généreux, et globalement sur les mêmes notes, avec moins de soufre. A la fois chocolaté et sec (cacao pur et bien noir), avec le coté crado qui persiste (herbes brûlées) et un coté parfum à l'oud. Donc boisé, sans vraiment l'être. L'eau par contre paradoxalement (mais pourtant pas rare du tout comme phénomène) déstabilise complètement l'alcool qui devient beaucoup plus mordant, mais permet à la
finale en revanche de devenir encore meilleure que la non-diluée, très longue et évolutive, avec du cacao pur et un coté vin rouge "frais" que je trouve délicieux et salvateur dans ce contexte. Notez que c'est là la première apparition de quelque fruit que ce soit depuis le début.
C'est cette finale qui lui accorde finalement le 87 et pas le 86. Pour moi c'est intéressant (le coté un peu salin/fumé notamment) mais un peu too much, c'est assez "fatiguant" gustativement parlant, et y a un peu trop de soufre / métal crado au nez. Mais c'est pas le pire solist que j'ai gouté. Pas le meilleur non plus.
87