Détecter une contrefaçon
Publié : 21 sept. 2020, 12:59
Bonjour à tous,
Je partage avec vous un article intéressant que j'ai lu il y a quelques jours : https://arstechnica.com/science/2020/09 ... WpDteVknmU
Il explique qu'il est maintenant possible de détecter les whiskies contrefaits.
Comme je l'avais fait pour l'article sur le whisky japonais, j'ai pris le temps d'écrire une traduction pour tous nos amis flemmards ou anglophobes
Il est maintenant possible de détecter le whisky contrefait sans ouvrir une bouteille.
La contrefaçon de single-malts rares est un problème croissant dans l'industrie.
Rien de tel que de siroter un excellent whisky, pour ceux dont c'est le péché mignon. Mais comment être sûr que vous payez pour le vrai contenu et non pour une contrefaçon bas de gamme ? Bonne nouvelle : les physiciens de l'Université de St.Andrews en Ecosse ont trouvé comment tester l'authenticité des bouteilles de très bons whiskies en utilisant la lumière laser, sans même avoir à ouvrir les bouteilles. Ils ont décrit leurs travaux dans un récent article publié dans le journal Analytical Methods.
Comme nous le signalions l'année dernière, la demande pour les whiskies chers et rares explose (et oui, même au beau milieu d'une pandémie), naturellement, il y a une augmentation proportionnelle du nombre de bouteilles contrefaites qui s'infiltrent sur le marché. Une étude de 2018 qui a sélectionné au hasard 55 bouteilles de sites d'enchères, au sein de collections privées ou chez des revendeurs pour une datation carbone, a révélé que 21 d'entre elles étaient soit carrément des fausses ou alors non distillées l'année indiquée sur l'étiquette.
Dix de ces faux étaient supposés être des single-malts datés de 1900 ou avant, ce qui a conduit le cofondateur de Rare Whisky 101, David Robertson, à déclarer publiquement : " Nous croyons sincèrement que chaque bouteille datant prétendument d'avant 1900 devrait être présumée fausse jusqu'à ce qu'on puisse prouver qu'elle ne l'est pas. D'autant plus si la bouteille est supposée être un single-malt." Il y a également une augmentation de l'infiltration de whiskies contrefaits moins chers sur le marché, ce qui pourrait même poser un problème plus grand encore, quoiqu'il puisse sembler moins accrocheur.
C'est ce qui a incité Alasdair Clark de l'Université de Glasgow à développer une langue intelligente capable de faire la différence entre plusieurs marques de whisky. Annoncé l'année dernière, son dispositif consiste en deux "papilles gustatives" nanométalliques, une en or, l'autre en aluminium, placées côte à côte et disposées dans un motif en damier. Chacune est chimiquement modifiée et surveillée pour voir comment les interactions des nanométaux avec la lumière changent en contact avec le liquide. Avoir deux papilles gustatives sur la langue artificielle lui permet d'obtenir deux profils optiques distincts des trois différents whiskies utilisés pour l'expérience (Glenfiddich, Glen Marnoch et Laphroaig), tout en ne faisant qu'une seule mesure.
Toutefois, la langue artificielle de Clark ne détecte pas un élément chimique spécifique, c'est ce qui en fait une langue par opposition à un capteur. Les langues humaines peuvent faire la différence entre du café et du jus de pomme par exemple, non pas parce que nous détectons les éléments chimiques spécifiques dans chacun d'eux mais parce qu'au fil du temps, nous avons appris à associer un certain profil de saveur à chaque produit. C'est principalement ce que fait la langue artificielle de Clark. Sauf que vous avez toujours besoin d'ouvrir vos bouteilles pour tester les whiskies. Les distributeurs et producteurs de whiskies sont très intéressés par des méthodes qui fonctionneraient tout en gardant leurs précieuses bouteilles toujours fermées.
Chimiquement complexe
Les whiskies sont remarquablement complexes, chimiquement parlant, bien que les deux ingrédients principaux soient l'eau et l'orge (et/ou d'autres céréales). Pourtant, la façon dont sont produits les whiskies crée une signature chimique unique, comme une empreinte. Elle inclue le temps passé à vieillir dans un fût en bois, qui donne à l'alcool sa couleur dorée révélatrice, sans oublier son bouquet fumé. Comme Allisson Gasparini l'a fait remarquer à Forbes : "Les whiskies sont des liquides chimiquement complexes qui contiennent des milliers de composants qui leur donnent des couleurs, arômes et saveurs distincts. Avoir une compréhension détaillée de la composition chimique de la bouteille en face de vous peut être la différence entre avoir le whisky rare promis par cette étiquette et reconnaître une contrefaçon."
Les scientifiques recherchent de nombreuses techniques différentes pour mieux comprendre tous ces composés chimiques. Par exemple, des chercheurs de l'Institut de l'Agriculture de l'Université du Tennessee ont identifié beaucoup des principaux composés aromatiques actifs responsables des profils de saveurs distinctifs des whiskies du Tennessee en utilisant la combinaison de deux techniques : la chromatographie gazeuse spectrométrique de masse et la chromatographie gazeuse-olfactométrique (le jeune distillat de whisky subit une étape de filtration supplémentaire avant sa mise en tonneau, appelée Lincoln County Process, alias la "lixiviation au charbon de bois"). Ils viennent tout juste de publier leurs résultats plus tôt ce mois-ci, en expliquant l'ensemble du processus, dans le Journal de l'Agriculture Chimique.
Un signal spectral
Les scientifiques et chimistes culinaires s'intéressent à l'utilisation de la spectroscopie pour identifier les composants chimiques à l'intérieur des bouteilles. Cela implique de faire briller un laser dans un liquide qui disperse la lumière et la divise en un spectre de longueurs d'onde. Les différentes couleurs représentent différentes longueurs d'onde de lumière, qui correspondent à des composants chimiques spécifiques, et fournissent donc une sorte d'empreinte digitale unique de ce liquide. La Scotch Whisky Research Institute (SWSRI), a Edinburgh en Ecosse, expérimente un spectromètre portable suffisamment facile à utiliser pour permettre aux professionnels de mesurer les taux de sucre (une caractéristique clé pour vérifier la provenance) avec un minimum de formation, ainsi que pour faire la distinction entre différents whiskies en fonction d'autres caractéristiques chimiques.
Le défi de l'application de ces techniques au whisky est que les bouteilles en verre produisent elles-mêmes un signal spectral important, rendant difficile à discerner l'empreinte chimique qui nous intéresse (celle de l'alcool à l'intérieur). La spectroscopie est donc généralement effectuée après que les whiskies aient été retirés de la bouteille.
C'est le problème qu'Holly Fleming et ses collègues de St. Andrews ont résolu avec leur dernier papier. Ils ont compris comment façonner la lumière laser en anneau plutôt qu'en faisceau focalisé, supprimant ainsi le signal parasitant du verre. Ils ont utilisé une lentille en forme de cône pour concentrer l'anneau de lumière sur la bouteille, qui a son tour recentre ladite lumière dans le whisky à l'intérieur. Ainsi, l'authenticité d'une rare et chère bouteille de whisky peut être vérifiée sans gaspiller une seule précieuse goutte.
Bonus : la même technique peut également être utilisée pour analyser les bouteilles de gin et de vodka. Tout cela devrait ravir les producteurs et distributeurs de spiritueux fins.
Une pensée pour les 21 malheureux du test et une autre pour tous ceux qui ont lu l'article ET qui ont acquis une bouteille de la Perfect Collection de cette année je me poserais des questions perso
Je partage avec vous un article intéressant que j'ai lu il y a quelques jours : https://arstechnica.com/science/2020/09 ... WpDteVknmU
Il explique qu'il est maintenant possible de détecter les whiskies contrefaits.
Comme je l'avais fait pour l'article sur le whisky japonais, j'ai pris le temps d'écrire une traduction pour tous nos amis flemmards ou anglophobes
Il est maintenant possible de détecter le whisky contrefait sans ouvrir une bouteille.
La contrefaçon de single-malts rares est un problème croissant dans l'industrie.
Rien de tel que de siroter un excellent whisky, pour ceux dont c'est le péché mignon. Mais comment être sûr que vous payez pour le vrai contenu et non pour une contrefaçon bas de gamme ? Bonne nouvelle : les physiciens de l'Université de St.Andrews en Ecosse ont trouvé comment tester l'authenticité des bouteilles de très bons whiskies en utilisant la lumière laser, sans même avoir à ouvrir les bouteilles. Ils ont décrit leurs travaux dans un récent article publié dans le journal Analytical Methods.
Comme nous le signalions l'année dernière, la demande pour les whiskies chers et rares explose (et oui, même au beau milieu d'une pandémie), naturellement, il y a une augmentation proportionnelle du nombre de bouteilles contrefaites qui s'infiltrent sur le marché. Une étude de 2018 qui a sélectionné au hasard 55 bouteilles de sites d'enchères, au sein de collections privées ou chez des revendeurs pour une datation carbone, a révélé que 21 d'entre elles étaient soit carrément des fausses ou alors non distillées l'année indiquée sur l'étiquette.
Dix de ces faux étaient supposés être des single-malts datés de 1900 ou avant, ce qui a conduit le cofondateur de Rare Whisky 101, David Robertson, à déclarer publiquement : " Nous croyons sincèrement que chaque bouteille datant prétendument d'avant 1900 devrait être présumée fausse jusqu'à ce qu'on puisse prouver qu'elle ne l'est pas. D'autant plus si la bouteille est supposée être un single-malt." Il y a également une augmentation de l'infiltration de whiskies contrefaits moins chers sur le marché, ce qui pourrait même poser un problème plus grand encore, quoiqu'il puisse sembler moins accrocheur.
C'est ce qui a incité Alasdair Clark de l'Université de Glasgow à développer une langue intelligente capable de faire la différence entre plusieurs marques de whisky. Annoncé l'année dernière, son dispositif consiste en deux "papilles gustatives" nanométalliques, une en or, l'autre en aluminium, placées côte à côte et disposées dans un motif en damier. Chacune est chimiquement modifiée et surveillée pour voir comment les interactions des nanométaux avec la lumière changent en contact avec le liquide. Avoir deux papilles gustatives sur la langue artificielle lui permet d'obtenir deux profils optiques distincts des trois différents whiskies utilisés pour l'expérience (Glenfiddich, Glen Marnoch et Laphroaig), tout en ne faisant qu'une seule mesure.
Toutefois, la langue artificielle de Clark ne détecte pas un élément chimique spécifique, c'est ce qui en fait une langue par opposition à un capteur. Les langues humaines peuvent faire la différence entre du café et du jus de pomme par exemple, non pas parce que nous détectons les éléments chimiques spécifiques dans chacun d'eux mais parce qu'au fil du temps, nous avons appris à associer un certain profil de saveur à chaque produit. C'est principalement ce que fait la langue artificielle de Clark. Sauf que vous avez toujours besoin d'ouvrir vos bouteilles pour tester les whiskies. Les distributeurs et producteurs de whiskies sont très intéressés par des méthodes qui fonctionneraient tout en gardant leurs précieuses bouteilles toujours fermées.
Chimiquement complexe
Les whiskies sont remarquablement complexes, chimiquement parlant, bien que les deux ingrédients principaux soient l'eau et l'orge (et/ou d'autres céréales). Pourtant, la façon dont sont produits les whiskies crée une signature chimique unique, comme une empreinte. Elle inclue le temps passé à vieillir dans un fût en bois, qui donne à l'alcool sa couleur dorée révélatrice, sans oublier son bouquet fumé. Comme Allisson Gasparini l'a fait remarquer à Forbes : "Les whiskies sont des liquides chimiquement complexes qui contiennent des milliers de composants qui leur donnent des couleurs, arômes et saveurs distincts. Avoir une compréhension détaillée de la composition chimique de la bouteille en face de vous peut être la différence entre avoir le whisky rare promis par cette étiquette et reconnaître une contrefaçon."
Les scientifiques recherchent de nombreuses techniques différentes pour mieux comprendre tous ces composés chimiques. Par exemple, des chercheurs de l'Institut de l'Agriculture de l'Université du Tennessee ont identifié beaucoup des principaux composés aromatiques actifs responsables des profils de saveurs distinctifs des whiskies du Tennessee en utilisant la combinaison de deux techniques : la chromatographie gazeuse spectrométrique de masse et la chromatographie gazeuse-olfactométrique (le jeune distillat de whisky subit une étape de filtration supplémentaire avant sa mise en tonneau, appelée Lincoln County Process, alias la "lixiviation au charbon de bois"). Ils viennent tout juste de publier leurs résultats plus tôt ce mois-ci, en expliquant l'ensemble du processus, dans le Journal de l'Agriculture Chimique.
Un signal spectral
Les scientifiques et chimistes culinaires s'intéressent à l'utilisation de la spectroscopie pour identifier les composants chimiques à l'intérieur des bouteilles. Cela implique de faire briller un laser dans un liquide qui disperse la lumière et la divise en un spectre de longueurs d'onde. Les différentes couleurs représentent différentes longueurs d'onde de lumière, qui correspondent à des composants chimiques spécifiques, et fournissent donc une sorte d'empreinte digitale unique de ce liquide. La Scotch Whisky Research Institute (SWSRI), a Edinburgh en Ecosse, expérimente un spectromètre portable suffisamment facile à utiliser pour permettre aux professionnels de mesurer les taux de sucre (une caractéristique clé pour vérifier la provenance) avec un minimum de formation, ainsi que pour faire la distinction entre différents whiskies en fonction d'autres caractéristiques chimiques.
Le défi de l'application de ces techniques au whisky est que les bouteilles en verre produisent elles-mêmes un signal spectral important, rendant difficile à discerner l'empreinte chimique qui nous intéresse (celle de l'alcool à l'intérieur). La spectroscopie est donc généralement effectuée après que les whiskies aient été retirés de la bouteille.
C'est le problème qu'Holly Fleming et ses collègues de St. Andrews ont résolu avec leur dernier papier. Ils ont compris comment façonner la lumière laser en anneau plutôt qu'en faisceau focalisé, supprimant ainsi le signal parasitant du verre. Ils ont utilisé une lentille en forme de cône pour concentrer l'anneau de lumière sur la bouteille, qui a son tour recentre ladite lumière dans le whisky à l'intérieur. Ainsi, l'authenticité d'une rare et chère bouteille de whisky peut être vérifiée sans gaspiller une seule précieuse goutte.
Bonus : la même technique peut également être utilisée pour analyser les bouteilles de gin et de vodka. Tout cela devrait ravir les producteurs et distributeurs de spiritueux fins.
Une pensée pour les 21 malheureux du test et une autre pour tous ceux qui ont lu l'article ET qui ont acquis une bouteille de la Perfect Collection de cette année je me poserais des questions perso