Von Barton a écrit : ↑26 oct. 2020, 08:34
tissaneb64 a écrit : ↑25 oct. 2020, 22:26
Existe t-il encore une logique des prix dans le milieu du whisky ? C'est un peu la réponse que j'ai envie de faire. Et finalement je trouve qu'il y a des points négatifs évidemment à cette situation, mais aussi des positifs. Et parmi ceux ci, en déconnectant le prix du marché, tu remets celui-ci en résonance avec la valeur que tu veux donner à ton produit. Bien évidemment cela ne doit pas justifier tout et n'importe quoi, mais, d'une certaine manière c'est quelque chose que je peux entendre. A chaque consommateur de voir, en bout de chaîne s'il est d'accord ou pas de suivre la logique de prix et de valeur du producteur. Sans compter les éventuels intermédiaires. Pour Waterford, on pourrait supposer aussi, mais cela reste à prouver, que les process de production propres à ce système ont des coûts de production supérieurs. Mais perso je n'ai pas plus d'infos là dessus.
Je pense déjà l’avoir dit, mais pour moi, Waterford = jeune entreprise avec peu, voire pas de trésorerie = des investissements de départ à rembourser = obligé de vendre plus cher pour renflouer un peu les caisses et rembourser les crédits et investissements...
Là où Springbank, ou d’autres, on des années d’existence derrière eux, leur matos est remboursé depuis belle lurette...
Mais ce n’est que mon avis... mais m’y connaissant un peu dans le commerce dans un autre domaine, je ne serais pas étonné que ce soit plus ou moins comme ça que ça se passe.
C'est drôle, je ne souscris pas entièrement cette vision.
Tu as raison, dans l'absolu, mais est-ce une bonne raison pour autant ?
Malheureusement, le whisky est une industrie qui ne peut pas compresser ou rogner sur une chose : le temps.
(Même si il y a déjà une start-up, Bespoken Spirits qui s'est lancé sur ce créneau et est en train de mettre au point une façon de faire vieillir un whisky en un jour au lieu de 10 ans).
Donc dès le départ quand tu te lances, tu sais que ton produit sera assez immature ou en tout cas pas au niveau d'autres mastodontes qui existent depuis des décennies et qui peuvent te proposer des 10yo de qualité pour le même prix ou même moins chers. Est-ce à moi de devoir le supporter ? Je ne vois pas pourquoi (à moins de soutenir un projet mais je vais y revenir).
C'est comme si j'allais voir un pépiniériste et qu'il me vendait une pousse d'arbre de 4 ans au même prix que l'arbre de 10 ans du pépiniériste voisin sous prétexte que lui vient de se lancer et qu'il a des frais que le voisin n'a plus.
Certes, ce n'est pas juste mais j'y peux rien moi, pourquoi avoir moins bien quand on peut avoir mieux pour le même prix ?
Les énormes groupes comme Diageo ou Pernot-Ricard ont assez de milliards pour se permettre d'attendre et éviter de nous sortir des 4yo. Même si j'imagine qu'ils ne sont pas vraiment les premiers concernés par ce sujet.
Et concernant les indépendants, certes tout le monde n'est pas Daftmill et a les moyens d'attendre 10 ans que son produit sorte parce qu'il estime que c'est le temps minimum pour proposer du qualitatif, ce qui au passage, augmente ton image de marque et dans un marché aussi concurrentiel, c'est quand même pas mal.
Mais il y a aussi des solutions, j'aime beaucoup ce que fait Dornoch. En attendant que leur whisky soit prêt ils proposent des embouteillages indépendant sous une autre marque : Thompson Bros. C'est intelligent, ça montre leur qualité de sélection de fût (même si ça ne veut pas forcément dire qu'ils feront un bon whisky parce qu'ils le sélectionnent bien). Et peut-être qu'ils vont me donner tort en lançant leur première sortie officielle l'année prochaine, on aura un 5yo qui sera peut-être moyen. En tout cas, ils se sont lancés en 2016 et ils n'ont pas cherché à sortir absolument un premier embouteillage en 2019. Comme ils disent sur leur blog : "
Gin pays the bills".
Et face à tout cela, quand je vois Waterford que je n'ai pas encore goûté, mais dont j'entends l'accueil très mitigé autour de moi. Je me dis que c'est peut-être dommage. Parce qu'encore une fois, l'image est importante. Quand ils sortiront des 8yo qui seront bien, combien de personnes auront-ils perdu en route (comme Jérémy

) qui auront été déçus des premières sorties ? Oui bien sûr on peut revenir sur un premier mauvais avis.
Alors certes, du coup, comment font-ils ? Aucune idée, ce n'est pas à moi de trouver des solutions. Peut-être commencer par 5 fermes ou 10 et pas 97 par exemple (c'est le vrai chiffre) ? Finalement, peut-être que les gens sont aussi assez critiques parce qu'en un an il y a 9 sorties 1.1 et 3 sorties 1.2. À 80€ la bouteille, que en 70cl. Même si le projet est noble et intéressant, tu ne peux pas t'empêcher d'avoir l'impression d'être juste pris pour une vache à lait (Bruichladdich bonjour (je provoque exprès

)), surtout quand apparemment ce n'est pas si dingue que ça.
Bref, tout ce que je sais, c'est que d'autres prouvent que d'autres solutions existent. Et c'est la raison pour laquelle je n'ai pas vraiment envie d'avoir d'indulgence. Pourquoi leur trouver des excuses quand d'autres font en sorte de ne pas avoir ?
Ça fait très discours néo-libéral mais c'est juste pour contrebalancer et nourrir le débat. Sachant que là je ne parle que de qualitatif.
Pour terminer en positif, bien sûr qu'on peut adhérer à un projet et vouloir le soutenir, même si ça signifie payer plus cher quelque chose qui ne les vaut pas, aucun souci là dessus, mais ce n'est pas le sujet. C'est valable pour tous, pas que les petits.
Quand je vois ça :
https://youtu.be/KC150x_JnDE et que Springbank fait tout en local (exactement comme Buffalo Trace mais je retrouve plus la vidéo), bien sûr que psychologiquement j'ai pas de souci à ajouter 10-20€ par bouteille pour que ça favorise l'emploi local et/ou une empreinte carbone réduite. Mais au fond, ne suis-je pas si enclin à réfléchir comme ça parce que j'adore ce que ces distilleries produisent ? Le serais-je autant avec une distillerie qui produit quelque chose pas à mon goût ou qui me donne le sentiment de brûler les étapes ? Pas sûr.
