Canis a bien résumé la situation. Mais je pense qu'il serait utile d'aller un peu plus loin dans le raisonnement.
Une première chose concerne la qualité du produit. Je ne suis pas partisan d'un embouteillage "à tout prix" parce que ça fait "bien"... Plutôt que de mettre en bouteille un truc médiocre, je préfère ne rien mettre en bouteille du tout.
Je suis aussi partisan d'une certaine originalité. Le Xième Clynelish pour un festival ou un club ne me fait pas trop fantasmer non plus, même si en général ça répond au premier critère, celui de la qualité. Mais un whisky original n'est pas toujours un whisky très consensuel (témoin le Inchgower 33 ans pour les 10 ans du forum).
Le marché du whisky étant ce qu'il est, il n'est évidemment pas question de s'adresser directement à une distillerie. Le marche passe obligatoirement par les courtiers et les embouteilleurs. Shalill me parlait de certains fûts vendus directement par Dalwhinnie à des prix astronomiques... (plusieurs centaines de milliers d'euros...).
Cela étant dit, on se retrouve vite dans des bouteilles de l'ordre de 150-200 euros avec les prix actuels. On est loin des 75 euros pour le whisky d'anthologie qui a servi de premier embouteillage pour le forum, le Glen Garioch 1975.
Autre chose qui a changé, c'est l'absence cruelle de Bottler depuis son accident de santé. D'ailleurs Jean Boyer n'existe plus. Là on avait la solution idéale: on n'embouteille que ce qui est commandé. On goûte au Witch et on s'inscrit sur la liste. Et Jean Boyer se chargeait de l'expédition. Le reste du fût était dilué et vendu dans le circuit traditionnel de Jean Boyer.
Il n'y a pas que Jean Boyer qui a disparu de la circulation. Nous avions encore Raymond Armstrong qui pouvait nous faire des petits embouteillages mais depuis la revente de Bladnoch, c'est également une piste à oublier. Maintenant il est vrai que son fils dirige Whiskybroker. Peut-être une possibilité de ce côté-là.
Autre possibilité, Amaury. On en avait discuté un peu l'an dernier, mais il n'y a pas eu de suite.
Autre possibilité utilisée à plusieurs reprises par le passé, Malts of Scotland. Thomas est en général assez coopératif, mais il semble qu'il ne dispose plus des fûts de grande qualité comme par le passé.
Du côté des embouteilleurs, la chose n'est pas impossible, mais ce n'est pas là le plus gros problème.
Le gros problème est celui de la distribution.
Dans un monde de bisounours, on pourrait envisager d'acheter disons 100 bouteilles (ce qui me semble déjà énorme) et de les stocker dans mon garage. Je pourrais payer la facture (plusieurs (pour ne pas dire beaucoup de) milliers d'euros) et attendre gentiment que les commandes arrivent. Je pourrais bien emballer les bouteilles et les expédier au fur et à mesure. Je pense que tout le monde voit les inconvénients, surtout à partir de la quinzième bouteille... Ceci sans mentionner le fait que ce serait totalement illégal. Je n'ai pas de licence de revente d'alcool.
Donc il faut s'adosser à un producteur, embouteilleur ou importateur pour la distribution. Ce n'est pas impossible (on l'a fait par le passé avec Pure Spirit et van Zuylen)... Pure Spirit n'existe plus (c'était commode pour la France) et VZ a eu quelques ennuis avec les douanes (surtout en direction de la Belgique) et devient un peu plus prudent dans ses expéditions.
On pourrait aussi voir si on peut négocier quelque chose avec Whiskybase, mais eux aussi sont en Hollande et le mêmes contraintes douanières peuvent exister.
Voilà pour un premier inventaire des problèmes pour un tel embouteillage.
Maintenant, je suis certain qu'il existe des solutions. A vos plumes