Le whisky perdu

Il y a mille et une façons de boire le whisky. Comment préférez-vous boire le votre?

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elzozore
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Le whisky perdu

Message non lu par elzozore »

Vous connaissez certainement cette expression utilisée lors des dégustations de vin ?

Le vin perdu, c'est le 1er vin goûté. Celui qui pourrait être excellent mais que la bouche n'apprécie pas à sa juste valeur. Celui toujours trop acide, trop léger ou mal équilibré. Je me suis même fait "avoir" lors d'une dégustation à l'aveugle, quand l'organisateur taquin, nous a resservi ce vin dans la soirée

Après avoir fait qq modestes dégustations maintenant, je me demande si le phénomène ne se reproduit pas avec le whisky. Quelles sont vos impressions là dessus ?

Pensez vous que nous devrions servir une boisson plus légère style bière pour ouvrir la bouche ? Je n'ai rien contre un grand verre d'eau mais c'est moins agréable. :lol:
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antoine
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Message non lu par antoine »

d'accords avec toi..
de même qu'après un repas, nous prennons, enfin si les dégust continuent après, un whisky qui servira à se "refaire " le palais..
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Serge
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Message non lu par Serge »

C'est le rôle du 'benchmark' malt qui permet d'une part de 'prendre la place du mort' mais aussi de calibrer les nez et bouche avant dégustation.
J'insiste lourdement, avoir un lot de 'benchmarks' à portée de main est très utile (Laphroaig ou Ardbeg 10, HP 12, Macallan 12 etc.)
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Yves
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Message non lu par Yves »

Tout a fait d'accord: le premier whisky deguste essuie toujours les platres.

Il est ainsi facile d'orienter les resultats d'une degustation comparative entre 2 whiskies relativement proches, surtout si la degustation doit etre breve: le whisky deguste en seconde position sera prefere dans la majorite des cas.
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bottler
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Message non lu par bottler »

C'est pourquoi je mets aussi systématiquement un blend ou un malt simple en début de dégustation.
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antoine
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Message non lu par antoine »

un bon benchmark aussi, le glenmorangie 10 ans.. enfin à mon avis..
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Serge
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Message non lu par Serge »

Yves a écrit :Tout a fait d'accord: le premier whisky deguste essuie toujours les platres.

Il est ainsi facile d'orienter les resultats d'une degustation comparative entre 2 whiskies relativement proches, surtout si la degustation doit etre breve: le whisky deguste en seconde position sera prefere dans la majorite des cas.
Yves, c'est exact mais en général, lorsque l'on déguste 2 ou 3 whiskies face à face (ce que je fais toujours) on a autant de verres sur la table et l'on passe de l'un à l'autre en permanence. (tous les nez, toutes les bouches, re-tous les nez etc.) Il n'y a donc pas à proprement parler de "premier" whisky même si dans le compte-rendu, l'un d'eux figure en premier, obviously.
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Serge
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Message non lu par Serge »

antoine a écrit :un bon benchmark aussi, le glenmorangie 10 ans.. enfin à mon avis..
Yes, sur les malts assez 'neutres' et 'soft'.
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AlexandreV
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Message non lu par AlexandreV »

Perso, lorsque je fais une sélection sur une distillerie, j'essaie de me servir plusieurs versions officielles (10-15-25 ans si possible) pour réveiller la bouche.
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Serge
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Message non lu par Serge »

AlexandreV a écrit :Perso, lorsque je fais une sélection sur une distillerie, j'essaie de me servir plusieurs versions officielles (10-15-25 ans si possible) pour réveiller la bouche.
Excellente idée mais c'est rarement possible, hélas :
- il faut avoir les bouteilles
- de distilleries qui ont ces différentes versions officielles, soit très, très peu...
- et très, très bien connaître ces malts sinon on ne peut se calibrer...
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AlexandreV
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Message non lu par AlexandreV »

Techniquement, je ne cherche pas de benchmark systématique car cela fatigue tout de même le palais. Donc je préfère faire les échantillons 3 fois dans des ordres différents par séance, en commençant par les malts les légers/jeunes...

Dans l'idéal, il faut goûter un peu le premier malt, puis passer au second pour revenir dessus.
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bottler
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Message non lu par bottler »

AlexandreV a écrit :Techniquement, je ne cherche pas de benchmark systématique car cela fatigue tout de même le palais. Donc je préfère faire les échantillons 3 fois dans des ordres différents par séance, en commençant par les malts les légers/jeunes...
C'est ainsi que font les débutants. Mais à l'expérience, tu verras que cela a aussi ses défauts.

La rémanence des arômes vient des substances grasses qui resteent collées sur la langue. Sans que tu en ais conscience ils deviennent insensibles, ton sytème sensoriel les élimine des perceptions, comme si tu avais une sorte de masquee sur la langue et le palais dont tu fais inconsciemment exception.

Du coup, on devient plus pointu sur les autres arômes. C'est sans doute la technique de Serge dans whiskyfun . Mais il faut déguster des produits de la même distillerie pour que ce filtre naturel devienne une loupe et non une déformation des images.

C'est ainsi que quand on goûte des anisés, on arrive à ne plus parler d'anis !.

Comment résoudre ce problème : à mon humble avis, il faut soit suivre la technique de Serge ou celle de JM (qui n'en goûte qu'un à la fois, mais y passe du temps, y revient, etc...), soit si les produits ne sont pas comparables, manger quelque chose de neutre et pas gras en mastiquant bien pour qu'il y ait un réel effet abrasif, entre deux verres : il ne s'agit pas de se remplir l'estomac, mais de se laver de substances grasses venant du dernier dram et qui filment la bouche. On la rince ensuite avec de l'eau.

En ce qui me concerne, c'est un morceau de pain et ensuite un verre d'eau en se gargarisant comme chez le dentiste. d'autres recommandent des quartiers de pomme, etc...

Il y a d'autres petits secrets que tu découvrira, chemin faisant. Chacun se fait sa recette.

Il s'agit de percevoir ce que monsieur tout le monde va percevoir dans sa situation particulière, et d'anticiper son jugement. c'est pourquoi il faut attacher une grande importance à la fin de bouche (c'est ce dont il parlera et c'est ce dont il se souviendra. Trop souvent sous estimée par les dégustateurs, mais où se révèlent nombre de défauts ou de qualités), et à la deuxième gorgée (c'est elle qui fixe le jugement. Tecbnique de JM, et aussi de Serge qui compare des choses comparables).

Il y a des dégustateurs qui ont le goût extrêmement fin et normé, comme l'oreille absolue. Ils sont rarissimes.

Ils savent transposer et sont très prudents sur leur façon de déguster et leurs commentaires en général. Ils ontg leurs propres techniques. J'en connais un qui est un homme très simple mais capable, en dégustant un fût d'Armagnac, de retracer son histoire complète (millésime, cépages, caractéristique de la distillation, traitements faits, mélanges entre fûts du même millésime, etc..), ou de te sortir la liste complète des ingrédients d'une sauce de grande cuisine.

Ce sont des exceptions. Je n'en suis pas, et naturellement, si tu en es, ce post ne s'adresse pas à toi...
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AlexandreV
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Message non lu par AlexandreV »

Le palais et la langue deviennent vite chargés, le nez aussi à la longue. Je vais aller dans le détail.

Je me lave le nez en fait avant chaque sélection, avec de l'eau puis un mouchoir. En gros je plonge mon nez dans l'eau pour neutraliser les effluves de la matinée. n fait dès le matin je renifle mes gels douches (au nombre minimum de 5, parfois plus). C'est un test du matin car il n'y a pas d'homogénéité parfaite d'un jour à l'autre. Il y a des jours ou les notes boisées sont très présentes, d'autres les notes moutardées... et ainsi de suite.

Pour la bouche, c'est bain de bouche à l'eau, plus ou moins énergique entre chaque verre. Je goûte puis je recrache, puis un verre pour se rincer puis un petit verre d'eau que j'avale parfois. J'essaie de laver mon nez au bout de 5, parfois 3 si c'est très marqué. Des jours, je suis hypersensible au sucré ou à l'amertume. Certains préfèrent ne pas recracher, je ne le peux pas car la rétro-olfaction devient trop présente. Comme toi je suis très pointilleux sur la finale, mais aussi sur l'attaque.

Dans la journée, je teste l'échantillon brut de fût, puis légèrement dilué et parfois très dilué pour le "stresser" en somme. Je le teste aussi dans la durée, sur plusieurs heures parfois. Souvent dans plusieurs endroits aussi. Et on recommence dans les jours qui viennent.

Tiens et pour moi la meilleure lessive comme je l'ai une fois expliqué c'est le coca, c'est du pur benchmark pour moi. Puis je rince bien à l'eau et c'est reparti. C'est un nettoyant très puissant. Donc mon cocktail c'est whisky-coca-whisky en somme, mais dans le temps pas dans le verre.

Chacun ses techniques donc. En bouche, on peut aussi hyper-oxyder le whisky comme un vin, on s'y fait vite. On peut aussi le garder une ou deux minutes en bouche pour l'explorer à fond. Pour le nez il y a plein d'approche. Comment travailler le verre, comme l'approcher du nez. On peut commencer l'aération au niveau du ventre puis remonter doucement, se plonger dans le verre, avec une narine ou les deux, sentir le bord inférieur ou le bord supérieur du verre. Ensuite on peut prendre d'autres formes de verre, ce que j'essaie de faire assez souvent si possible.

Voilà pour un appronfidissement ;)

C'est un sujet passionnant!

AV
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Serge
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Message non lu par Serge »

En ce qui me concerne, le café et/ou le chocolat très noir marchent bien pour me nettoyer la bouche mais il faut boire de l'eau après et attendre un peu avant la dégustation suivante. C'est Richard Paterson qui conseille ce truc.

En revanche, je ne change que très rarement de verre et j'emploie le "même" rituel pour tous les malts, sauf quand je me déplace mais là je prends en général des échantillons. Je déguste en fait très rarement en-dehors de chez moi et sinon j'ai en général mes propres verres dans la poche.

Même endroit à ma table, mêmes verres, même eau, même pipette, pas de nourriture juste avant, zéro odeur de nourriture etc. Quand je sens que mon nez n'est pas en forme (souvent, hélas) ou, plus rarement ma bouche, je laisse en général tomber, car on se crame le nez en humant trop pour capter les arômes, surtout les cask strength. Après, j'en ai pour quinze jours à m'en remettre, gasp...

J'avoue aussi humblement que je fume des cigarettes légères entre les séries, cela me recalibre bien aussi. mais je ne le conseille à personne !

J'essaye de humer par petits coups fréquents afin de limiter le plus possible le temps de "contact" entre mon nez et l'alcool. L'état du nez est un capital que l'on consomme au fur et à mesure lors d'une session, il faut le gérer car quand il est usé, eh ben, il est usé pour plusieurs jours (chez moi). La bouche aussi mais dans une moindre mesure. Bien sûr, ce n'est pas la même chose quand je "savoure" un whisky au lieu de le déguster.

Voilà, chacun ses petits trucs, ce qui compte est la constance je pense.
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elzozore
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Message non lu par elzozore »

Donc personne ne débute avec une p'tite bière légère ?

L'idée du benchmark whisky me plait mais ca fait une dose d'alcool fort en plus :(

Un thé froid peut être ? Tiens je vais tester ce truc ce soir. Bien évidemment vous avez tous compris que je me sacrifie pour la science. :wink:
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