wisekycourse a écrit : ↑02 mai 2019, 09:46
l'un des débats serait de savoir si la distille ,si le maître-blender a trouvé la bonne dilution pour le whisky qu'ils proposent à la vente,en dehors du créneau financier (ventes potentielles,prix moyen estimé du consommateur etc).
Alors, déjà, je pense que "la distillerie qui décide", ça n'existe quasiment plus.
Quasiment plus aucune distillerie n'est indépendante, elles appartiennent quasiment toutes à des groupes, voire à des IB pour quelques-unes.
Et donc, ce sont les propriétaires qui décident. Ça c'est pour les embouteillages officiels.
Et pour les embouteillages indépendants, là, c'est évident que la distillerie a encore moins son mot à dire.
Et donc, à part de très rares exceptions, oui, le choix de diluer a toujours des raisons financières.
La raison la plus évidente est bien sur de rallonger la sauce.
Produire du whisky a un coût. On pourrait même presque parler de coût fixe.
Il faut acheter de l'orge, de l'eau (même si l'eau en elle-même est gratuite, il faut la contrôler, et éventuellement la traiter), il faut malter l'orge, la sécher (coût d'énergie), acheter les levures, ensemencer le malt, ... puis passer dans les alambics (énergie de nouveau), choisir ou on fait les coupes (pertes), etc ...
Puis les frais de fonctionnement, le salaire des employés, l'amortissement et l'entretien du matériel.
Bref, une fois tout ça compilé, on arrive à un coût quasi constant au litre d'alcool sorti de l'alambic.
Après, il faut le mettre en fut. Et les futs n'ont pas tous le même coût selon leur type, leur contenance, ce qu'ils ont contenu auparavant, selon que ce sont des first fill ou des xxfill, ... Ceci dit, ramené au litre d'alcool au sortir du fut, mis à part pour de très très jeunes whiskys, la différence du coût du fut devient de plus en plus négligeable au fil des années de vieillissement.
Et il y a bien sur le coût du vieillissement. Stocker a un coût, tout simplement. Mais là encore, tout cela est maîtrisé et linéaire.
Par contre, le vieillissement à un autre effet qui n'est pas maîtrisé ni linéaire, c'est la part des anges. Et ça, ça influe énormément sur le coût au litre à la sortie du fut.
Bref, une fois tout ça compilé, on a le coût au litre à la sortie du fût.
Après, il y a un étape de filtrage mécanique (pour retenir les impuretés du fut) qui va faire perdre une portion de liquide, et éventuellement une opération de filtrage à froid, qui va encore entraîner une perte de volume.
Ah, et enfin, faut ajouter le coût de la bouteille, de l'opération d'embouteillage, la packaging, l'expédition, la pub ...
Bon, nous voilà donc arrivé à un coût au litre d'alcool non dilué.
Premier gain direct évident, diluer cet alcool va revenir à diluer tous ces coûts ai litre d'alcool non dilué, et ce gain est énormément supérieur au coût supplémentaire de l'opération de dilution.
Deuxième gain, les accises et autres taxes. Là encore, si on dilue, on en paye moins.
Mais il y a un autre gain moins évident et plus ... "psychologique". C'est Jean Marie Kovacs, l'ancien patron de Jean-Boyer qui nous avait appris ça.
En effet, que ce soit en France ou ailleurs, pour l'immense majorité des consommateurs (nous sommes des exceptions), il s'agit "d'alcool fort", de "digestif", de "cordial", ou autre "liqueur". Et donc de choses très puissantes, agressives en alcool.
Bref, tout ça pour dire qu'il est difficile de vendre à monsieur et madame tout le monde quelque chose à plus de 40%, parce que forcément "ça doit brûler", ça doit être "imbuvable", et pour tout dire, un truc d'alcoolos.
Alors certes, la majorité des monsieur et madame tout le monde achète son whisky en grande surface. La grande majorité achète de ces blends bas de gamme pour mette dans le coca ou le jus d'orange. Mais l'idée que le single malt soit meilleur fait son chemin et représente une part de marché de moins en moins négligeable, mais c'est plus cher et tout le monde ne peut se le permettre.
Et parmi ces personnes, d'autres franchissent un pas tarifaire supplémentaire et pensent (à tord ou à raison) que ce que vend un caviste (ou une franchise du genre Nicolas) est meilleur. Ou que ce sera forcément un plus beau cadeau pour offrir.
Voilà pourquoi les embouteilleurs officiels, mais également les indépendants, diluent la majeur partie de leur production.
Quand au blabla de certains embouteilleurs, comme Douglas Laing, comme quoi 50% représenterait la dilution idéale, je n'y crois pas une seule seconde. D'abord, parce que tout ce qu'ils produisent n'est pas bon. Et surtout le degré d'alcool naturel avant dilution étant extrêmement variable, la part d'eau ajoutée pour arriver à 50% l'est tout autant, et donc l'effet sur le whisky aussi.