Bon, on va essayer de faire mieux que la dernière fois.
En starter, je reviens sur un vieux compagnon oublié:
- Redbreast 12yo 40%, code L731631104 1722. (batch inconnu de WB)
Puis je me lance pour une excursion dans la forêt de sample:
- Penderyn 5yo 62.1%, 2014, bourbon cask #175/2014.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... deryn-2014
- Port Charlotte The Islay Boys 13yo 55.5%, 2004 - 2018.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... e-2004-tib
- Glenfarclas Familly Cask Release X 15yo 58.8%, 1997 - 2012.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... rclas-1997
- Aberlour 18yo 62.6%, 2002.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... rlour-2002
- Orkney Elixir 18yo 27.1%, 2000 - 2019, #44, The Whisky Trail Birds.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... y-2000-eld
- Teeling 21yo 52.6%, 1998 - 2020, Rum cask #100050.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... 1-year-old
- Caol Ila 22yo 51%, 1984.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... a-1984-w-f
- Ben Nevis Elixir 23yo 51.8%, 1996 - 2019, #892, The Whisky Trail Birds.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... s-1996-eld
- Teeling 24yo. Là, je suis bien embêté car l'auteur du sample n'a noté sur l'étiquette que "Teeling 24yo canis 1/2" Impossible de savoir de quel Teeling 24yo il s'agit.
- Mortlach Le Gus't 25yo 45.8%, 1995.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... h-1995-leg
- Gelston's 26yo 54.2%, Blue.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... 6-year-old
- Gelston's 26yo 54.2%, White.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... 6-year-old
Le debrief:
Etonnement lorsque je sors la bouteille du
Redbreast de sa boite, le niveau est à la moitié de la hauteur. Ben mince, je me souvenais plus que je l'avais autant aimé à l’époque. Ça fait de nombreuses années que je ne suis plus revenu sur cette bouteille. D'après son code, c'est un batch de 2007, et je pense que j'avais du l'acheter à peu près à sa sortie. 13 ans, ça commence à faire. Du coup, je fais gaffe au bouchon, je renverse la bouteille pendant plusieurs minutes histoire de dissoudre les sucs cristallisés qui pourraient coller le bouchon au verre, puis je me lance précautionneusement, le bouchon sort doucement, ne semble pas montrer de faiblesse et hop ... ah ben non, caramba, y'en à la moitié qui est resté dans le goulot. J'y vais en douceur pour essayer de le chopper. A peine je l'effleure, plouf, cet andouille pique une tête dans le précieux breuvage. Bon, ben je suis bon pour une opération de sauvetage. Une fois la bouteille vidangée et nettoyée et le whisky réintégré dans sa bouteille en le filtrant (au passage, le volume dans la bouteille était trompeur, la faute à ce culot très concave qui décale le volume; et c'est à peine plus de 30 cl qui restent), on peu enfin s'en verser un dram.
Je retrouve les notes fidèles à mes souvenirs, mais en même temps, c'est un peu différent. C'est très rond, de cette rondeur typique des Irish OB, du chocolat avec une pointe de café, mais en tout doux, avec des notes fruitées, sur les fruits rouges que je met un certain temps à identifier. Ah, j'y suis, les cerises à l'eau de vie de grand mère. Plus précisément, c'était des bigarreaux napoléon.
En bouche, la même, avec un petit kick d'amertume qui évoque le noyau de cerise. On durait une sorte d'A'bunadh dilué, mais en irish. Et puis à un moment ça fait tilt, y'a de l'OBE là-dedans et pas qu'un peu. Je ne savais pas qu'une bouteille de "seulement" 13 ans, et copieusement entamée de surcroit pouvait générer ce phénomène. Par moment, on frôle fugacement la surdilution quand même. Mais bon, je m'en sers dans la foulée un deuxième dram, vaut mieux être sur.
C'est pas grandiose, mais j'aime bien. D'autant que j'ai cru comprendre que depuis, c'était de venu moins bon au fil des batches. Un petit 86 bien mérité pour ce vétéran.
Le
Penderyn commence plutôt pas mal. Au nez, on a immédiatement de la confiture de pétale de rose et du litchi. Ça oscille entre le fruit au sirop et des notes plus confiturées. Du bois précieux aussi, sur le bois de santal. Des notes florales sur le pot pourri pas trop capiteux. Un soupçon de vanille vient s'ajouter ainsi qu'une note sur la coque de noix. Franchement pas mal. La bouche désarçonne car elle commence immédiatement sur une note piquante, entre poivre et gingembre confit. Puis passe brièvement le profil ressenti au nez mais de façon très éthéré, qui s'évapore dans la bouche. Le degré d'alcool est clairement en cause. Puis tout revient d'un coup dans la finale. C'est chouette, et plutôt ludique. Quelques gouttes d'eau affaiblissent le nez, mais révèlent enfin la bouche qui s’aligne enfin avec le nez et même le surpasse car elle en devient gourmande. Y'a carrément de la grenadine maintenant. Au bout de quelques secondes, le nez s'est accoutumé à l'eau et repart de plus belle. Mais c'est vraiment top ce truc en fait. Merdum, je doute que ça puisse se trouver encore. Moi qui aime les trucs gourmands et originaux, je suis comblé. Là comme ça, je suis entre 89 et 90. Avec de l'eau.
Le
Port Charlotte embaume la pièce dès la première goutte versée dans le verre. Paf, ça pète la tourbe. Au début mêlée de fruits secs, noix, noix de cajou, elle se pare petit à petit d'un peu de fraicheur sur la menthe bleue. Pas mal de céréale aussi. Ça évoque un peu les exercices de style "machin barley" que pratique la distillerie régulièrement. La menthe devient de plus en plus évidente et glacée. C'est pas le truc le plus subtil ni le plus complexe qui soit, mais dans le genre, c'est franchement pas mal foutu. Quand même, cette fraîcheur, limite qu'on irait flirter du côté de Talisker. La bouche est le parfait miroir du nez, mais elle donne en plus à cette menthe un côté pour le moins original que je peine à définir. C'est plutôt végétal. P'têt ben du genièvre. L'eau arrondi un peu trop les angles et banalise un peu trop le profil. Ça se boit vraiment bien. C'est puissant et dynamique sans être agressif ou déséquilibré. Pas tout à fait original sans être complétement classique. Chouette truc qui vaut bien son 88. Plus de complexité et de maturité, et je l'emmenai à 90.
Le
Glenfarclas est un peu fermé, mais plutôt classieux. De la gelée de groseille, de la gelée de coing, de la pâte feuilletée (comme une galette sans frangipane). Floral également, mais sur des fleurs assez capiteuses. Ah, tiens, d'un seul coup on passe sur du thé vert, du tilleul. Un peu de croûte de pain un peu rassis. En arrière plan, des notes un peu lactées. En bouche, c'est beaucoup plus musclé, corsé. Limite alcooleux. Ça déséquilibre l'ensemble. Ou plutôt ça fout un sacré bordel dans les notes déjà perçues au nez. De l’amertume aussi, mais pas trop. L'eau à la fois affaiblit le nez et en même temps fait ressortir l'alcool. Ça révèle aussi une note végétale verte. Par contre, la bouche y gagne grandement et devient gourmande, même si l'alcool est encore assez présent. Ça aurait franchement pu être top si l'alcool avait été bien intégré. Dommage. En l'état, je doit m'arrêter à 86.
L'
Aberlour commence sur de la tomate séchée. Ça me rappelle certain vieux Glenfarclas en square bottle. Puis ça évolue sur la sauce soja. Puis des notes aigrelettes de vinaigre un peu plus vives et plus fruitées, plus fraiche que du vinaigre balsamique. Un peu de chocolat au lait et de café soluble. Des évanescences de sorbet de fraise aussi. En bouche, on reste dans le même style quoique plus musclé. On sent plus l'alcool, mais sans que ça devienne excessif. Un peu d'amertume et d'âcreté, mais sans excès. On dirait une sorte d'A'bunadh qu'on a laissé vieillir. L'eau n'améliore pas vraiment les choses. Quoique, une deuxième rasade peut-être ? Mmmm, c'est pas encore ça, mais on est sur la piste de quelque chose. Mouais, il s'en sort mieux que le Glenfarclas précédent, mais quand même, il présente le même genre de défaut, en mois prononcé. Peut-être les 3 années de fut supplémentaires ? Allez, ça mérite son 87.
L'
Orkney est très fin, presque féminin. Ça reste malgré tout assez fermé. Assez vite, l'alcool asticote le nez. On perçoit en les cherchant vraiment de très subtiles notes fruitées et un peu de fruits secs, sur la noisette verte. Un peu floral aussi. La bouche est dans la lignée du nez, mais là aussi, l'alcool gâche tout. Et l'eau n'arrange rien à l'affaire. Quand on voir Orkney sur une étiquette, on pense tout de suite à une certaine distillerie. Mais là, je ne retrouve aucun des marqueurs de cette distillerie, pas de miel, pas de bruyère.. Et du coup, si ça venait de l'autre distillerie de cette ile ? Bon, c'est quand même assez fruste et bancal cette affaire. 86.
Le
Teeling démarre assez bizarrement, enfin pour cette marque. On est dans une sorte de confiserie. Des bonbons au coquelicot peut-être ? Merdum, j'ai un flash sur des bonbons rouges, durs, sphériques, au fruit (cerise ?), mais pas moyen de me rappeler le nom. De la guimauve aussi, sur le chamallow. L'alcool passe les naseaux au congélo, quand même. Un genre de floral sucré. L'attaque en bouche est grasse, huileuse, et conduit sur les même notes que le nez. On sent monter l'alcool et on croit que ça va devenir envahissant mais non, ça s’arrête presque aussitôt pour lancer une finale qui démarre sur un chouette kick de fruits tropicaux et qui repasse aussitôt sur les notes déjà perçus de bonbons entre fruits rouge et fleurs. L'eau le rend pâtissier et fait passer les notes précédemment perçues à l'arrière plan. La bouche y gagne énormément en équilibre mais perd en expressivité. C'est très original, difficile à domestiquer, ou plutôt à appréhender. Difficile de se raccrocher à quoi que ce soit en terme de repère connu. Mais je lui devine un sacré potentiel. En avoir une bouteille permettrait de laisser jouer l'ouverture que je subodore pouvoir donner quelque chose de magnifique. Espérons que les 6cl de mon sample suffiront à observer le phénomène. Un 89 qui pourrait aussi bien être un 88 qu'un 90.
Le
Caol Ila démarre sur un combo citron/fruits secs. Le citron évolue en bergamote, c'est très acidulé. Miam. Et en même temps, il y a une note douce, presque ..."plate", comme de la pâte à pain. Une note aigrelette aussi. Un peu de fraîcheur, peut-être bien de l'iode. Une note de calcaire, de craie plus précisément. Non ! De moellon. La bouche est huileuse et légèrement salée. De la tourbe un peu minérale et grasse. L'eau n'est pas forcément une bonne idée, même si elle facilite la bouche. Bizarre ce Caol Ila. Il ne ressemble en rien à tout les 80's que j'ai goûté (et grandement apprécié). Il est plus ... sharp, moins gourmand. On le dirait beaucoup plus jeune que ses 22 ans. 88.
Ah, tiens, un de ces fameux
Ben Nevis 96. Sera-t-il digne de ce millésime ? Hum, le nez est à la fois fort agréable et mal défini . C'est très fondu. Le profil se renforce mais sans se préciser. Une sorte de combo fruité difficile à analyser et de notes céréalières et pâtissières. Un peu de fraîcheur également. La bouche ne fait pas beaucoup mieux en matière de définition et de précision. Ce n'est qu'au moment de la finale que la puissance se révèle sur des notes de fruits tropicaux très old school, un peu austères. L'eau n'y change rien. Si seulement le nez et la bouche étaient à la hauteur de la finale, on aurait une tuerie. Les fans de malts old school le porteraient sans doute aux nues, mais ça manque beaucoup trop de gourmandise à mon goût, mais je salue l'exercice de style. 87.
Alors que raconte de
Teeling 24yo indéfini ? On démarre sur un mélange de fruits tropicaux confiturés, chutney. un élégant voile de fumée également. Un peu de vieux meuble, magasin d'antiquaire. La bouche mélange les notes perçues au nez avec du salé, presque animal, limite viandée; et ça fait très bizarre comme mélange. Puis vient alors la belle vague de fruits tropicaux un peu old school, avec un soupçon d'amertume. L'eau harmonise un peu le tout. Si le nez et la bouche avaient été à la hauteur de la finale, ça aurait été énorme. Là, je reste un peu déçu. Là encore, y'a trop de old school, c'est trop coincé, ça manque de gourmandise à mon goût. mais quand même, quelle finale. Rien que pour elle: 89.
Ahhhhh, le
Mortlach Le Gus't, enfin. Euh, alors, j'ai du céréale, de la mie de pain, et vraiment à des années lumières derrières, ce qui pourrait être des fruits tropicaux. Un peu de végétal vert, sur la tige fraichement coupée se fait jour. Un soupçon d'angélique confite peut-être ? Floral aussi, mais que cela manque d'expressivité, de générosité. C'est tellement ténu. La bouche ne relève pas vraiment le niveau, si ce n'est par un peu d'amertume limite savonneuse. La finale est vaguement exotique. Et il n'aime pas du tout l'eau. Ca me laisse l'impression d'un vieux blend grandiose complètement fané. 85.
Le
Gelston's Blue démarre timidement, sur des notes de pain avec un soupçon de fruits tropicaux en arrière plan. un mélange de croute de pain rassis et de végétal apparait et prend le dessus. On sent aussi un peu la présence de l'alcool. En bouche, l'attaque est plutôt huileuse et très très légèrement exotique avant un twist de poivre puis plus grand chose jusqu'à la finale exotique old school et austère. Un peu d'eau améliore l'ensemble, mais pas de beaucoup. Mince, c'est ça le fameux Gelston's ? Avec le temps, on sent bien que le nez voudrait y aller, qu'il voudrait tenir ce qu'il promet, mais non, il n'y arrive pas. un 88 plus intellectualisé que spontané.
Au tour de son jumeaux paré de blanc. Ce deuxième
Gelston's joue vraiment dans le même registre. Le nez démarre mieux les premières secondes, puis s'éteint presque complétement. Il est encore moins expressif que son frangin azuré. En bouche, même constat, c'est le même en encore moins expressif, moins généreux. Et l'eau ne fait rien à l'affaire. C'est trop intello pour moi, ça. Et la, même en essayant d'intellectualiser, y'a pas de miracle. 87.